PARIS | Interview with Graine de Photographe
Following my workshops at the Singapore International Photography Festival, Graine de Photographe interviewed me for their blog:
INTERVIEW – The Poems, les photos de nuit de Boris Eldagsen
La photographe allemand Boris Eldagsen nous présente au cours d’une interview, how to disappear completely / The Poems. Un projet photographique entre lumière et obscurité. Un voyage dans l’inconscient où ce globe-trotter gère avec précision ses compositions nocturnes tout en jouant avec la lumière.
- Pouvez-vous nous parler un peu de vous ?
Je suis un condensé de différents pays et cultures. J’ai grandi dans le sud-ouest de l’Allemagne, une région riche en histoire : des lieux de cultes celtes, aux temples romains, en passant par les églises et châteaux médiévaux, jusqu’aux bunkers de la première et seconde guerre mondiale. J’ai étudié à Cologne, Mayence (Allemagne), Prague (République Tchèque) et Hyderabad (Inde). J’ai également vécu à Melbourne en Australie pendant 8 ans et j’ai voyagé à travers l’Asie.
Tout cela a accru mon intérêt pour la recherche sur la condition humaine. Dans mon travail photographique, je m’intéresse au détournement des lieux et des situations. Je transforme ce qui est en face de mon objectif, pour montrer la réalité à travers le temps et l’espace. C’est l’inconscient.
- Comment avez-vous commencé la photographie ?
J’ai commencé la photographie quand j’avais 17 ans. Un de mes meilleurs amis avait un nouvel appareil et a pris une centaine de photos. Je ne comprenais pas pourquoi il faisait ça d’une manière si ennuyeuse et j’ai décidé d’essayer moi-même !
- J’ai appelé mes images Poems pour montrer qu’elles ne sont pas des histoires. Pouvez-vous nous en dire plus à propos de votre série how to disappear completely / The Poems ?
Un poème utilise des mots de façon créative pour évoquer les sentiments et souvenirs. Ce qui est beaucoup plus ouvert qu’une histoire. Vous devez le concevoir avec votre esprit, cœur et âme. Une grande partie de la photographie contemporaine reste à la surface ou fonctionne autour d’un concept documentaire ou raisonnable. La mission que je me suis donnée est : Puis-je créer des images éternelles, qui ont un impact sur l’émotion, le niveau de l’inconscient et ne peuvent pas être traduit par des mots ? Puis-je montrer une structure psychologique interne en utilisant la matière qui est en face de l’appareil ? C’est un paradoxe, et la plus intéressante mission que je peux imaginer pour un photographe.
- Comment ce travail a-t-il commencé ?
Je me suis toujours senti à l’aise la nuit. Ça m’est venu naturellement. Après 15 ans à photographié de jour, j’ai décidé ce me concentrer uniquement sur la photo de nuit. Au-delà de l’aspect métaphorique de la lumière et de l’obscurité. La nuit m’aide à faire une composition picturale. J’ai commencé à travailler avec la lumière présente et j’ai ajouté des lumières seulement sur les éléments que je voulais sur la photo. Tous les éléments qui ne conviennent pas avec la composition désirée vont disparaître dans l’obscurité.
- Qu’elles sont vos inspirations et influences ?
Sans m’en rendre compte, j’ai me suis toujours senti connecté avec les mouvements artistiques qui composent avec l’inconscient : du religieux, mystique et magique au romantisme, symbolique, surréaliste et au-delà. J’aime la lumière de Rembrandt, C.D Friedrich, l’obscurité de Böcklin, Klinger, Kudin, l’érotisme de Dali, l’humour de Ernst, les obsessions tordues de Peter Greenaway et la bizarrerie spirituelle de Alejandro Jodorowsky.
En photographie j’aime l’absurdité de Anna et Bernhard Blume, la poésie de Sudek et l’abstraction de Drtikol. Le travail de Roger Ballen m’a coupé le souffle quand je l’ai vue pour la première fois. La musique m’inspire, et d’autres formes d’art telles que le cinéma, le théâtre, la peinture. Tout peut être une source d’inspiration quand vous savez ce que vous cherchez.
- Vous dites que ces images ne sont pas une série, mais sont-elles liées ?
Poems est une méta-série d’actuellement 100 images et 8 vidéos, et qui continue de s’enrichir. Chaque travail peut être combiné de façon quasi-infinie suivant le sujet de l’exposition.
Mes installations photographiques sont présentées dans 5 tailles différentes sur du papier peint à grande échelle. Les images sont rassemblées, accrochées comme des groupes d’émotions et de souvenirs connectés. Les variations de tailles forcent le spectateur à changer de distances et de rôles : être un géant regardant une toute petite photo, une petite personne traversant un papier peint. Les vidéos sont projetées sur le papier peint ou via des miroirs.
C’est juste le commencement. Pour le moment, on est comme au début d’une histoire d’amour, tellement de choses doivent encore être découvertes et expérimentées
- Quel matériel utilisez-vous pour votre travail ?
Un Nikon coolpix vieux de 10 ans et un Canon Eos 5D. Mais au diable la technologie, ce qui compte ce n’est pas votre matos, mais votre créativité.
- Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez ajouter ? Un conseil à donner aux jeunes photographes ?
Utilisez les limites (matérielles ou financières) comme des avantages. Libérez-vous des appareils et lumières qui coûtent des milliers d’euros, et vous aurez des centaines d’options que vous n’avez jamais explorées. Moins vous aurez, plus créatif vous deviendrez. Si vous avez tous les équipements photographiques du monde dans vos mains, vous pourrez en utiliser la majorité, mais aucun dans sa totale capacité. Si vous avez seulement un outil, vous l’utiliserez à 200 %
Découvrez le magnifique travail de Boris Eldagsen sur son site